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Fukushima

Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 secoue le Japon, déclenche sur la côte Est un tsunami atteignant quinze mètres de haut et inonde de vastes contrées. Quelque 20’000 personnes ont perdu la vie dans ces catastrophes naturelles. Dans la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, le tsunami a détruit des éléments essentiels au plan de la technique de sécurité dans les tranches 1 à 4. Cela a déclenché une fusion du cœur et des explosions. Des substances radioactives sont alors libérées dans l’environnement. Suite à ces évènements en chaînes de séisme, tsunami et accident de réacteur, quelque 165’000 personnes ont été évacuées ou ont volontairement quitté leur habitation dans la préfecture de Fukushima. Les zones évacuées sont progressivement de nouveaux autorisées de sorte qu’à l’été 2018, le nombre de personnes encore évacuées s’établissait à 45’000.

L’accident de Fukushima se range au plus haut niveau de l’échelle INES, qui comprend sept niveaux, tout comme la catastrophe de Tchernobyl. Mais la radioactivité libérée est bien moindre ici. Grâce aux bonnes mesures de protection, les conséquences sanitaires sur le personnel de la centrale et de la population sont elles aussi bien inférieures. L’accident de réacteur n’est donc directement à l’origine d’aucun décès. De même, aucune conséquence à long terme n’est attendue sur la santé de la population, que cela soit pour le personnel ou la population. C’est ce que montre le rapport de l'AIEA en date de l'automne 2015, établi par quelque 180 experts originaires de 42 pays (Executive Summary).

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Les quatre réacteurs nucléaires de la centrale de Fukushima-Daiichi, fortement endommagée par un tsunami. (Foto: Keystone)

Les conséquences pour les centrales nucléaires suisses

Sur la base des expériences faites à Fukushima, la Suisse a examiné la sécurité de ses propres centrales nucléaires sous l’aspect de catastrophes naturelles extrêmes et des systèmes de secours d’urgence. En été 2011, les centrales nucléaires suisses ont passé l’attestation de sécurité pour les inondations qui ne se produisent que tous les 10’000 ans. Elle a été suivie, en mars 2012, par l’attestation selon laquelle les centrales résisteraient aussi à un grave tremblement de terre tel qu’il ne s’en produit que tous les 10’000 ans, sans dommage pour l’homme ni l’environnement et, en avril, par le certificat attestant de la maîtrise d’un séisme d’une périodicité de 10’000 ans en combinaison avec la défaillance correspondante des ouvrages d’accumulation dans la zone d’influence de la centrale. Selon l’IFSN, les centrales nucléaires suisses sont sûres. Mais les marges de sécurité peuvent encore être augmentées et de petits défauts être éliminés.

De plus, l’IFSN a exigé la mise en place d’un entrepôt externe central pour des équipements d’urgence supplémentaires. Cet entrepôt a été mis à disposition dans les délais, le 1er juin 2011, par les exploitants nucléaires. Il se trouve dans un ancien bunker de l’armée suisse à l’abri des tremblements de terre et des inondations. Dans ce dépôt sont stockés, entre autres, des groupes électrogènes de secours, des pompes, du carburant et beaucoup d’autre matériel pouvant, au besoin, être transporté immédiatement par hélicoptère sur le lieu d’intervention.

Plusieurs attestations de sécurité

Suite à l’accident de Fukushima, toutes les centrales nucléaires suisses ont participé au test de résistance de l’Union européenne. La Commission européenne leur a attesté de hautes marges de sécurité et de bons résultats en comparaison européenne. Mais la sécurité des centrales nucléaires suisses et la protection de la population devaient encore être optimisées. Pour cela, l’IFSN a lancé en mars 2012 un plan d’action. Celui-ci traite des points à examiner sur la base des Enseignements tirés de l’automne 2011 ainsi que des points en suspens résultant du rapport national sur le test de résistance de l’Union européenne. Les travaux en lien avec le plan d’action ont été achevés fin 2016.

De plus, la résistance sismique des centrales nucléaires suisses a fait l’objet d’un examen approfondi dans le Pegasos Refinement Project. Cette étude a été réalisée entre 2008 et 2013 au niveau le plus élevé et le plus ambitieux d’une procédure reconnue à l’échelle internationale – que seuls la Suisse et les Etats-Unis ont réussi. Les résultats de l’étude Insérer Lien dès que paru… servent de base pour d’autres optimisations de la sécurité.

De nettes différences

Au niveau du type de construction, les réacteurs détruits à Fukushima ressemblent à la centrale nucléaire de Mühleberg. Pourtant, un accident comme celui de Fukushima est très improbable en Suisse parce qu’à la différence des installations japonaises, la centrale de Mühleberg a été constamment rééquipée et mise à jour. Dans les installations suisses, on trouve tout ce qui manquait à Fukushima-Daiichi pour maîtriser l’accident – parce qu’en Suisse, les équipements de sécurité nécessaires à cet effet ont été intégrés dès le début ou installés ultérieurement à partir des années 1990.

Ainsi, toutes les centrales nucléaires suisses disposent déjà aujourd’hui de plusieurs systèmes de refroidissement d’urgence et de refroidissement du réacteur à l’arrêt différents et indépendants les uns des autres. De plus, toutes les installations sont équipées de systèmes de sauvegarde bunkerisés et protégées contre les séismes de forte intensité, les inondations, les chutes d’avion et les attaques terroristes. Elles restent disponibles si les autres systèmes de refroidissement d’urgence et de refroidissement du réacteur à l’arrêt sont défaillants. De même, toutes les centrales nucléaires suisses disposent depuis longtemps de systèmes pour la décompression filtrée et de recombinateurs d’hydrogène qui neutralisent l’hydrogène généré lors de la fusion d’éléments combustibles et préviennent ainsi les explosions. Des analyses de la sécurité des installations sont régulièrement examinées et correspondent à l’état actuel des sciences et de la technique.

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Inspection de l' Agence internationale de l'énergie atomique de l'ONU des travaux d'évacuation de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi (Foto: Tepco 2018)

L’énergie nucléaire après Fukushima

Après l’accident de Fukushima, de nombreux pays ont révisé leurs installations nucléaires et leur politique d’électricité, pour en venir à la conclusion que, sous l’aspect technique, il n’y avait aucune raison de renoncer à l’énergie nucléaire et à ses avantages significatifs. Car les analyses détaillées de l’accident montrent que, dans toutes les installations atomiques, les systèmes de sécurité ont surmonté le grave tremblement de terre et ont fonctionné comme prévu pour ce cas. Cependant, la protection contre le tsunami consécutif était insuffisante. Selon les conclusions unanimes de deux commissions d’examen engagées au Japon par le gouvernement et le Parlement, l’accident nucléaire aurait pu être évité, malgré la violence du tsunami, si les installations à Fukushima-Daiichi avaient répondu aux directives japonaises et internationales. Bien que les insuffisances de la technique de sécurité aient été connues depuis quelques années, les rééquipements correspondants n’ont été ni exigés par les autorités ni mis en œuvre par l’exploitant.

Aussi, la quasi-totalité des nations détenant l’énergie atomique poursuivent-elles leurs programmes nucléaires civils. Après avoir procédé à des examens approfondis, le Japon lui-même a remis en service ses premières tranches à l’automne 2015.

En Suisse, Fukushima a été le déclencheur de la nouvelle Stratégie énergétique 2050. En approuvant la nouvelle loi sur l’énergie en mai 2017, la majorité des Suisses s’est prononcée en faveur d’une exploitation des centrales nucléaires suisses aussi longtemps qu’elles sont sûres. Toutefois, en vertu de la loi, les centrales nucléaires désaffectées ne seront pas remplacées. Confortée dans sa décision d’abandon de l’énergie atomique par Fukushima, l’Allemagne a retiré à l’été 2012 l’autorisation d’exploitation à huit centrales nucléaires. L’Italie a quant à elle abandonné la reprise prévue de l’énergie nucléaire.

Une chaîne fatale d’événements

Le tremblement de terre a déclenché un arrêt d’urgence automatique dans les trois réacteurs qui étaient en service à Fukushima-Daiichi. L’alimentation électrique externe a été coupée et les groupes électrogènes de secours ont assuré la propre alimentation des installations. La première vague du tsunami a détruit les pompes à eau de mer nécessaires pour le refroidissement régulier des réacteurs, des bassins de refroidissement et du refroidissement des groupes diesel électrogènes de secours. La seconde vague du tsunami, plus haute, a inondé la totalité de la centrale et détruit les groupes électrogènes diesel de secours. Ainsi, outre l’alimentation électrique, les installations électriques et des affichages importants étaient aussi défaillants.

La température et la pression ont alors augmenté dans les cuves de pression des réacteurs, tandis que le niveau d’eau a baissé. Les systèmes de refroidissement d’urgence ont définitivement cessé de fonctionner et les réacteurs étaient de moins en moins sous contrôle. Les décompressions contrôlées n’étaient que partiellement possibles, tout comme l’injection provisoire d’eau fraîche. Les cœurs du réacteur étaient en partie ou totalement à sec sur des durées différentes. Le zirconium a pu oxyder avec la vapeur d’eau dans les enveloppes tubulaires et de l’hydrogène s’est formé. Dans les bâtiments des réacteurs, des explosions d’hydrogène ont endommagé encore davantage les installations. Dans les bassins de refroidissement pour les éléments de combustible usagés également, on a pu constater un manque d’eau de refroidissement ainsi que des dommages mécaniques des éléments du combustible par des débris du bâtiment.

Un risque modéré pour la santé de la population

Suite à l’accident, des substances radioactives se sont échappées des réacteurs – essentiellement de l’iode radioactif et du césium radioactif – pour aller dans l’atmosphère, la mer et les sols avoisinants. La région au nord-ouest de la centrale a été contaminée sur une distance d’environ 50 kilomètres. La quantité d’iode 131 et de césium 137 libérés correspond, selon les indications de l’autorité de surveillance japonaise NRA, à environ 10 pour cent de la radioactivité libérée à Tchernobyl.

Selon l’Organisation mondiale de la santé OMS, la dose individuelle moyenne a été, dans la préfecture de Fukushima, de 1 à 10 millisieverts (mSv) durant la première année suivant l’accident. Cela correspond à une radiographie du bassin ou à un scanner du corps entier. Dans les localités les plus irradiées, l’OMS estime la dose individuelle entre 10 et 50 mSv, dans les préfectures voisines de Fukushima entre 0,1 mSv et 10 mSv et dans le reste du Japon entre 0,1 et 1 mSv. Sur 23’000 travailleurs, six présents sur le site de la centrale ont reçu à ce jour une dose cumulée supérieure à 250 mSv, et 168 personnes une dose supérieure à 100 mSv. Les calculs de modèle ont montré qu’en raison du risque très faible de cas supplémentaire de cancer, une augmentation éventuelle de cas ne serait pas visible statistiquement. Le risque de cancer est plus élevé uniquement chez les quelques collaborateurs fortement exposés.

A Tchernobyl, des évacuations avaient été initiées à partir d’env. 5 mSv; la prudence a été encore plus importante à Fukushima. Si une région subit, en raison d’un accident nucléaire, une radiation telle que la dose est de 20 mSv la première année, il faut s’attendre, d’après les expériences de Tchernobyl, à environ 60 mSv au total lors d’un séjour à vie dans cette région. Or dans une grande partie des Alpes suisses, la dose absorbée en une vie en raison du rayonnement ambiant dépasse 120 mSv. Et si on tient compte du radon naturel, la dose dans les montagnes suisses est même de 300 mSv minimum. La logique d’évacuation appliquée à Fukushima rendrait cette région inhabitable.

Rayonnement fort diminué

Depuis l’accident du réacteur, le rayonnement a déjà nettement diminué à Fukushima et aux alentours. La zone centrale rouge, la plus fortement contaminée, s’est fortement rétrécie. D’une part, le rayonnement baisse en effet relativement vite au début. D’autre part, vent et pluie dispersent et lessivent les particules radioactives (notamment le césium-131). Par ailleurs, comme les populations ne sont pas 24 heures sur 24 en plein air, mais la plupart du temps dans des maisons, leur exposition aux radiations est en plus diminuée de 40 pour cent. Donc, si des individus étaient restés dans les zones d’évacuation (surfaces rouges, jaunes et parties des surfaces vertes), ils y auraient absorbé au cours de leur vie une dose égale à deux ou trois fois celle absorbée pendant la première année.

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La répartition du rayonnement après l’accident du réacteur de Fukushima-Daiichi, fin avril 2011 et en novembre 2014. En l’espace de trois ans et demi, le rayonnement a fortement diminué.

Passer toute sa vie dans la région alpine (zones rouges, jaunes et vertes) expose aussi à un rayonnement naturel plus fort. En effet, les roches de cette région, principalement le granite, recèlent comparativement beaucoup d’uranium. Sa décomposition libère par conséquent de grandes quantités de gaz radon radioactif que la population inhale. Le rayonnement total est constant pendant toute la vie, mais, cumulé, il représente au moins autant que les doses qui seraient absorbées pendant une vie dans la zone d’évacuation rouge de Fukushima. Dans une grande partie des Alpes suisses, la dose absorbée en une vie dépasse 300 mSv. Bien entendu, cela ne nécessite pas pour autant d’évacuer les habitants de l’Engadine. Compte tenu de la dose potentielle qu’ils absorberaient pendant toute leur vie, même les habitants de Fukushima pourraient retourner chez eux si les lois et les normes étaient plus tolérantes. Ainsi, la Commission internationale de protection radiologique CIPR recommande une évacuation si, en plus du rayonnement naturel, la dose individuelle devait être comprise entre 1 et 20 mSv.

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Les doses naturelles absorbées pendant toute une vie par la population des zones rouges, jaunes et vertes de l’espace alpin sont au moins aussi fortes que celles correspondant à la zone d'évacuation principale de Fukushima.

L’OMS ne s’attend donc pas à observer une augmentation du taux de cancers. Elle n’escompte pas non plus davantage de malformations chez les nouveau-nés. Les modifications constatées lors des examens à grande échelle sur la thyroïde de la population concernée sont comparables à celles des personnes non irradiées. Le cancer de la thyroïde sévit partout – en moyenne, une personne sur dix est concernée. Mais pour la plupart des individus, il ne cause pas de problèmes de santé.


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